Interviews,  MODE

Holy Mane – illustratrice et créatrice textile

Bonjour à tous ! Voilà un nouvel interview dans notre série de portraits sur les acteurs de la mode alternative en France. Aujourd’hui on vous présente Holy Mane, illustratrice spécialisée dans la mode et artiste textile.

Holy Mane est une artiste plurielle, avec plus d’une flèche à son arc. Illustratrice spécialisée dans la mode, elle ne s’arrête pas là. Elle jongle entre les plusieurs techniques traditionnelles (peinture, plume, linogravure), digitales, et la création textile. Sa formation en stylisme apporte une véritable authenticité à ses illustrations de mode, mais ce qui fait la singularité de son art est son goût prononcé pour la culture sous toutes ses formes, qui ressort au travers d’inspirations.

Consciente des difficultés du métier d’illustrateur, elle ne renonce pas à vivre de sa passion, qui est pour elle une véritable vocation, motivée par des valeurs fortes. Une personnalité atypique et inspirante, que nous tenions à vous présenter dans notre panel d’acteurs de la mode alternative française.

Bonjour Holy Mane, que signifie ton nom ?

Bonjour ! Holy Mane est mon nom d’artiste et le nom de la marque sous laquelle je crée mes illustrations, œuvres textiles et accessoires (broches, colliers…). C’est un jeu de mot sur mon prénom qui est Manoly, en inversant le début et la fin. J’aime que les mots Holy et Mane renvoient à la fois à quelque chose de vague mais aussi de sacré, de mystérieux voire de magique. J’ai aussi été inspiré par l’album HolyWood de Marilyn Manson que j’écoutais à l’époque (2000) et il expliquait dans une interview ce jeu de mot avec « bois sacré » et la ville de Hollywood.

Génial, on est des adeptes de Manson aussi. 😉 Depuis quand as-tu commencé à dessiner et depuis quand es-tu illustratrice ?

Je pense que j’ai dessiné comme la plupart des enfants très tôt et je ne me suis jamais arrêtée. Après mes études de Stylisme de Mode, j’hésitais entre créer mes vêtements ou être illustratrice, alors j’ai décidé d’être illustratrice de mode. Puis j’ai élargi le domaine vers des choses plus générales, qui concernent les thèmes fantastiques, qu’on peut rapprocher du pop surréalisme. Je me suis inscrite en freelance assez récemment, mais j’illustrais dans cette optique depuis longtemps. Depuis quelques années, je fais également plus de peintures.

Comment décrirais-tu ton travail pour nos lecteurs qui ne te connaissent pas encore ?

Je suis illustratrice. Je travaille à la commande ou je propose des produits dérivés d’illustrations personnelles sous formes de cartes postales, posters, badges… Je fais aussi du graphisme et du pattern design, c’est à dire des motifs répétés à destination de tissu, de papier peint, de papeterie… J’en propose notamment sur le site spoonflower.

Je suis aussi artiste textile. C’est à dire que je crée de grands panneaux ou de petits accessoires (bijoux d’art) avec de la matière textile (fils, tissu…) et des techniques textiles (tissage, couture, broderie, crochet…).

J’ai un style assez féminin et délicat qui aime puiser dans diverses inspirations, notamment le romantisme sombre de la fin du XVIIIème et du XIXème siècle, la culture pop japonaise, la nature, l’occulte, les contes et bien sur la mode. J’utilise des techniques traditionnelles comme l’aquarelle, la peinture à l’huile, la gravure ou aussi le numérique (Photoshop et Illustrator).

Qu’est-ce qui t’inspire dans ton travail ?

J’aime bien creuser certains sujets, car on ne connait jamais assez les choses. J’essaie d’être réceptive au synchronicités, aux hasards, à mes rêves et parfois cela m’indique ce que je dois creuser. Grâce à Internet j’essaie de trouver plein d’éléments. J’aime notamment écouter des podcasts en dessinant et j’assemble tout cela dans ma tête, mais ça me prend beaucoup de temps. L’histoire proche (XIXème siècle) ou lointaine (Mésopotamie, mythes fondateurs…) est une source inépuisable d’inspirations. La nature est aussi quelque chose d’omniprésent dans mon travail et d’éternellement inspirant.

Quelles sont tes œuvres fétiches, tout arts confondus ?

Je dois dire que ça varie un peu et c’est difficile de faire un choix. En ce moment j’aime Le cauchemar de Johann Heinrich Füssli, car j’ai envie d’explorer les liens avec « l’invisible ».

Le cauchemar – Johann Heinrich Füssli

– Certaines illustrations de Suehiro Maruo comme celle-ci.

Suehiro Maruo

– Certains motifs de William Morris. Le mouvement Art & Craft qu’il a créé m’inspire beaucoup surtout pour les motifs répétés que je dessine.

William Moris

– L’univers bizarre de Trevor Brown.

trevor brown
trevor brown

– Les illustrations de Teagan White, pas une en particulier, mais j’adore ses gouaches, le choix des couleurs, son trait et elle m’inspire beaucoup dans sa volonté de travailler pour la défense des animaux (je n’ai pas encore franchi le pas, mais c’est un sujet, comme l’écologie qui me travaille).

Teagan White

– J’aime bien l’art religieux chrétien : les églises gothiques, le mobilier, les sculptures de bois ou d’ivoire, les peintures, les costumes liturgiques brodés. J’ai rarement vu autant de beauté et d’images gores assemblées. Ce mélange m’attire beaucoup, ce n’est pas rare que les larmes me viennent devant un simple encensoir. J’aime visiter les églises de façon générale. J’aime l’énergie sacrée qui en découle, mais je supporte mal la majorité des sermons entendus. J’ai en général du mal avec l’autorité, le paternalisme et tout ce qui est humain qui diminue l’individu.

…Et côté musique ?

J’aime bien la cold/synth wave des années 80. J’aime énormément les albums de Death in June des années 80, surtout les titres we drive east, holy water, the calling, come before christ and murder love, touche defiles, etc…
Les premiers albums de Dead Can Dance, surtout le titre How Fortunate The Man With None.
Les premiers albums de Dépêche Mode…

…beaucoup d’influences goth, tu es une vraie connaisseuse ! 😉

Oui, et je chante depuis peu dans un chœur et je suis très heureuse de découvrir la musique « classique » que j’aime beaucoup. Encore ici il y a l’idée de passion, de douleur et de grâce.

Et du côté du 7ème art ?

En cinéma, j’aime Jean Renoir, Luis Bunuel, Luchino Visconti, Dario Argento, Shuji Terayama, Sophia Coppola, Nicolas Winding Refn… J’aime bien les choses artistiques assez sombres et inquiétantes en fait.

Fan art de Dolores dans Westworld par HolyMane

Tu réalises principalement des illustrations de mode. Qu’est-ce qui te plaît tant dans la mode ?

Dans les années 2000, j’adorais les créations de John Galliano et d’Alexander McQueen entre autres. Je voulais être styliste et j’ai suivi une formation de BTS de Mode à Lyon. La mode est quelque chose que j’aime énormément, plus dans la créativité qu’elle offre que pour son côté matériel. Quand je suis déprimée, je regarde des vidéos de défilés Haute couture, et je me sens mieux de voir tant de beauté, de détails, peu importe si je possède ces vêtements (je peux aussi apprécier un tableau dans un musée sans avoir le besoin de le posséder dans mon salon).

…Nous sommes d’accord avec toi sur ce point. Pas besoin de posséder les choses pour les apprécier dans toute leur valeur esthétique.

…Oui, on ne peut pas tout acheter, mais on peut créer et inventer de belles choses. Le vêtement, malgré tout ce dont on l’accable est une chose très importante dans notre société. On nous répète sans cesse que l’habit ne fait pas le moine, mais la réaction des gens est principalement influencée par le vêtement. D’où le fait que les gens ont tant besoin de se conformer, car sinon ils sont moins acceptés socialement. Pourtant c’est dommage d’être conformiste et de ne pas écouter notre personnalité. La mode, en plus de nous offrir un espace de créativité, peut nous changer, en nous sentant bien, « jolie », élégante ou que sais je. Je pense que cela peut booster notre moral à condition de ne pas se comparer et d’être soi même.

…Nous ne pouvons qu’approuver, la mode nous a tellement aidée à nous réaliser et à prendre confiance en nous ! Quel(s) style(s) vestimentaire(s) et quels créateurs affectionnes-tu le plus ?

J’aime beaucoup la mode vintage. J’aime aussi quand on se la réapproprie dans une vision plus contemporaine, comme le fait par exemple Catherine Baba, avec les années 20 ou 70.

Et toi, comment aimes-tu t’habiller ?

Je m’habille principalement aux puces, friperies et magasins de seconde main. J’adore trouver plein de styles différents qui renvoient à d’autres époques.

J’aime beaucoup ce qui donne une allure un peu « sombre et mystérieuse ». Il y a de jolies choses estampillées « gothiques » que je porterai avec plaisir, mais il y a aussi des choses qui frôlent le déguisement, ce qui casse un peu l’allure. Pour éviter cela, il faut savoir être quelque fois regardant sur les matières, et savoir les coordonner avec les bons accessoires, maquillage et coiffure. C’est parfois le détail qui touche ou qui tache.

En tout cas, on aime beaucoup ton look ! Les inspirations sont palpables, mais tu sembles vraiment te réapproprier les modes en apportant l’accessoire qui décale la tenue.

Dans la mode, il y a plusieurs sous-genres, moi mon préféré est je crois le batcave et le neofolk. Mais je crois que si quelqu’un porte ce style, mais qu’il n’a pas « l’esprit » qui va avec, ça se voit tout de suite et c’est un peu dérangeant. Je pense que quand on choisit certains styles, il faut un minimum s’intéresser à la culture qui va avec. Après chacun fait comme il l’entend évidemment, je n’aime pas trop les « règles » à l’intérieur des styles non plus.

…Oui, nous aimons aussi nous pencher sur l’histoire du vêtement et des sous-cultures, comme pour la culture gothique. Y-a-t-il d’autres styles que tu affectionnes ?

J’aime assez la mode Gothic lolita, même si je ne la porte pas. Elle m’inspire et en ce moment j’ai même envie d’y revenir. J’étais plutôt « gothic lolita » ou « elegant gothic lolita », mais je pourrais aussi bien succomber au « sweet lolita » car j’ai un penchant pour le « pastel goth » (Pour en apprendre plus sur le Gothic Lolita et ses courants, lire notre interview de Yumi EG).

C’est notamment dans le « lolita » qu’il y a beaucoup de règles. Cela peut aider certaines personnes, mais cela risque de créer des cases, et les cases empêchent selon moi l’esprit de s’épanouir. (Ce n’est pas une critique sur les lolitas, mais sur les dérives qu’il pourrait y avoir).

Jam : … Oui, de mon côté quand je portais le lolita, j’adorais justement les transgresser. 😉

J’aime aussi le style militaire plutôt ancien, surtout les décorations, les brandebourgs, les broderies dorées, ou aussi les motifs camouflage.

Et dans les créateurs contemporains ?

J’aime beaucoup beaucoup de créateurs contemporains, et pourtant je ne me retrouve pas vraiment dans la mode de rue actuelle. J’ai aimé Galliano, McQueen, Jean Paul Gaultier, Vivienne Westwood (j’adore le ton léger et la réappropriation des codes), Thierry Mugler, Olivier Theyskens, dans les années 2000… Il y a quelques années, j’aimais bien cette mode un peu post-apocalyptique chez Ann Demeulemeester, parfois Haider Ackermann ou un peu chez Rick Owen. J’ai une certaine admiration pour Hedi Slimane qui a su imposer à quasiment toute la planète le pantalon slim, alors que ce n’était pas du tout évident. Il fait de très belles photos noir et blanc. Même s’il n’y a pas vraiment d’inventivité, il arrive à créer des silhouettes masculines comme féminines que j’adore.

…Le créateur favori de Jones, elle nous en parlait dans cet article. 😉

J’ai aussi beaucoup de respect pour Karl Lagerfeld, en tant que personnage très cultivé et sur de lui. Même si je n’aime pas toutes ses créations, j’aime beaucoup les matières qu’il arrive à composer. Ces dernières années, j’aimais bien ce que faisaient Pierpaolo Piccioli et Maria Grazia Chiuri (actuellement chez Dior) pour Valentino. J’aimais bien le côté 70’s à la Saint Laurent qu’on pouvait voir du côté de Peter Dundas, quand il était chez Roberto Cavalli avec les tissus brochés, les velours, les lamés… J’aime le côté « what the fuck » totalement décalé, mais avec goût, de Alessandro Michele chez Gucci. Pour moi c’est du véritable esprit punk. J’adore qu’on renverse les codes de la bourgeoisie pour en faire un truc surprenant qui arrive à garder une cohérence stylistique. J’aime aussi le travail de Olivier Rousteing chez Balmain, et de Nicolas Guesquière autrefois chez Balenciaga, maintenant chez Vuitton. En revanche, la mode actuelle de Balenciaga est celle que je déteste le plus. Je trouve que c’est du foutage de gueule, mais certains adorent.

…Ca fait beaucoup de monde là ?

…Oui, en effet ! Dis nous, comment c’est d’être illustratrice en France aujourd’hui ?

Suicidaire ? Je plaisante, seulement je pense que la France n’est plus le pays d’Art et de Culture qu’il fut jadis, autant chez le grand public que chez les élites, même si elle tente de rester compétitive au niveau de la mode.

Il faut savoir vendre son produit, se vendre soi même et ne pas hésiter à jouer le jeu des mondanités, tout ce qui me fait défaut et que je n’aime pas spécialement. Je suis plutôt très franche et j’ai du mal à faire semblant, les électrons libres on ne les aime pas trop. Le travail aujourd’hui consiste à être bon communicant, mais je préfère travailler mon style de dessin. C’est quelque chose qu’il faut travailler tous les jours pour ne pas perdre, comme un musicien avec son instrument. Ce travail est plutôt un travail de solitaire, ce qui ne me dérange pas du tout. Mais aujourd’hui il faut du réseau, socialiser, être opportuniste dans le mauvais sens parfois.

J’ai fréquenté un peu le milieu des illustrateurs à Paris, c’est beaucoup d’entre-soi bourgeois. Je détestais voir les hypocrites, les tricheurs et les copieurs se trémousser dans une parodie de gloire alors qu’ils n’avaient aucune réelle culture ou passion et qu’ils n’hésitaient pas à se lancer des couteaux dans le dos. Les gens pensent que les artistes ou illustrateurs sont une communauté de personnes partageant la même passion, mais la réalité est plus décevante. Si on maitrise l’art du paraître et qu’on aborde les choses avec superficialité, j’ai l’impression que le monde est fait pour nous, mais la roue tourne vite.

…C’est un bien triste tableau que tu nous dresses là. Ca me fait penser à la dernière interview de Maud Amoretti, qui a quitté l’illustration BD en raison des rémunérations dérisoires et qui m’avait rendue bien triste. Dur de vivre de son art aujourd’hui.

Oui… Le monde rapide et compétitif n’est pas sain pour les vrais artistes. Après bien sûr, il y a des illustrateurs qui arrivent à s’en sortir sans problème avec honnêteté. A part ça, si on aime vraiment ce qu’on fait il faut savoir être persévérant, travailler sa technique, se montrer présent et disponible et démarcher les clients ou les événements. Avec beaucoup d’honnêteté, d’amour et de persévérance, je pense qu’on peut réussir.

Au-delà d’être ton métier, ton travail semble être une passion et un véritable choix de vie, quelles sont les valeurs que tu défends ?

En effet, c’est plus qu’une passion, une évidence, c’est comme si c’était mon « programme » si j’étais un robot. Mais un robot avec des sentiments. Une de mes valeurs est d’être soi même, authentique, de savoir écouter ses émotions, ses sensations, ses goûts, même s’ils ne plaisent pas à tout le monde.

Une fois qu’on a trouvé notre identité, j’aime l’idée de construire pour qu’elle devienne plus forte, je pense sans cesse à l’évolution, la progression, je suis un peu trop perfectionniste. J’essaie d’être une version meilleure de moi même selon mes critères personnels. C’est pourquoi j’évite les personnes qui me réduisent d’une manière ou d’une autre, soit en me disant de faire moins, ou en disant que je suis « too much », trop ceci, trop cela, soit en se comportant de façon déplacée (en cherchant la domination par exemple). Et au contraire, j’aime bien qu’on m’encourage, le meilleur encouragement étant d’incarner une personne qui agit (je me méfie de la parole sans acte, comme le sont certains compliments). Et j’essaie d’encourager ceux qui ont des rêves à les réaliser.

…C’est à dire ?

J’ai vraiment envie de « libérer » certaines personnes en leur montrant leur potentiel. Je donne parfois des « ateliers d’art textile » et j’étais un peu trop enthousiaste à vouloir encourager les gens à créer. Quand je vois certaines personnes introverties, dont on rejette les qualités, j’ai envie de les aider ou de les accompagner. Pour moi c’est ça l’individualisme : être un individu, et aider les autres à être des individus, cela n’a rien à voir avec l’égoïsme ou la compétition. iI faut de l’entraide, de l’émulation, du partage.

La valeur « travail » m’est assez importante. Mais reste à définir ce que c’est. On peut faire un « travail sur soi même », lire et apprendre quantité de choses. Cela n’a rien à voir avec le « travail capitaliste » aliénant, qui n’est pas pour moi une « valeur ». Je me sens assez anti-hypercapitaliste sur certains aspects. J’ai une admiration pour la connaissance et le savoir, de même que le savoir-faire, ces choses qu’on ne voit peut être pas, mais qui fait que quelqu’un est justement quelqu’un.

Être dans l’action mais aussi dans la réception, c’est à dire savoir observer les choses, les petits détails, voir les petites qualités des gens, profiter de certaines sensations, savoir écouter, réfléchir, laisser l’imagination nous envahir, rêver… Et ensuite concrétiser.

Tes personnages sont majoritairement féminins. Pourquoi ce choix ?

Ce n’est pas vraiment un choix conscient. Je fais ce que j’aime et c’est ça qui vient. Je pense que je projette mon idéal de beauté sur le papier, je peins la femme que j’aimerai être. J’aime dessiner ce que je trouve esthétique et beau, un peu comme dans le mouvement symboliste qui peignait « une idée », un idéal, opposé au naturalisme qui peignait les choses telles qu’elles sont. Il y a de nombreux visages que je trouve beaux et j’ai envie de les dessiner et peut être de m’identifier. Cela m’aide peut-être à construire mon propre style, comme si je collectionnais des portraits de stars pour m’inspirer de leur glamour.

Ensuite je dessine aussi des hommes, mais je connais plus le corps féminin, mon propre corps que je peux regarder à tout moment. Pour dessiner un homme, il faut que je me rappelle qu’il y a des masses musculaires ci et là que je n’ai pas, cela me vient un peu moins naturellement.

Comme nous l’avons déjà demandé à Coffin Rock et Yumi, nous serions curieuses d’avoir ta réponse aussi : Quelle est ta conception de la féminité ?

Pour moi la féminité est une attitude plutôt élégante, délicate et gracieuse. C’est quelque chose qui tient plus de la réception, comme je l’ai défini précédemment, de la douceur voire de l’amour. De l’intériorité, parfois ce qui est caché ou dans l’ombre. C’est aussi ce qui a trait aux sentiments, et peut être aux émotions, à la sensibilité qui amène souvent à de la créativité ou à l’art. Etre féminin c’est souvent être coquette ou vouloir plaire par l’apparence.

Comme je m’intéresse aux symboles, qu’ils soient alchimiques, mythologiques, ésotériques, je me repose beaucoup sur la définition de Vénus en astrologie ou du Yin chinois. Avec cette définition, il est important de préciser qu’un individu a souvent une part féminine et masculine, et personnellement c’est ce qui m’intéresse. J’aime qu’on puisse y voir les deux et je suis d’accord avec Yves Saint Laurent quand il dit à propos de son costard pour femme, qu’un vêtement masculin réussit à faire ressortir la féminité chez la femme qui le porte.

Il faut un certain équilibre et malgré cette définition qui pourrait paraitre dépassée, une femme ne devrait pas avoir d’injonctions à être 100%, 24h/24 féminine, de même qu’un homme ne devrait pas être 100% viril, etc…

Aujourd’hui, les femmes ne doivent pas laisser ces définitions nous contraindre à quoi que ce soit. Mais une femme peut choisir d’incarner ou de laisser agir ou pas cette féminité, on ne devrait pas non plus la réprouver et encore moins sous prétexte qu’elle « tente » des hommes. C’est aux hommes à apprendre à être virils, c’est à dire courageux, maitres de leurs émotions, forts devant leurs faiblesses.

Je me retrouve en partie dans cette définition, mais j’ai pour ambition de ne plus être dans l’ombre et qu’on ne m’impose pas d’être réceptive envers ceux qui ont une tendance à la domination (ce que je déteste), en revanche pour ceux que j’aime, c’est un bonheur d’être attentive et douce !

Parle-nous de tes projets : Des plans pour ton futur proche ou lointain ?

J’ai souvent du mal à parler de mes projets futurs, peut être par peur que ça porte malheur ou qu’il arrive un pépin. Il y a toujours des imprévus, mais de façon générale, je fais tout pour développer mon activité : je pratique le dessin comme discipline, je me montre localement pour ouvrir des opportunités et trouver des clients.

J’essaie de développer ma communication (je devrais être plus active sur mon site ou ma chaine youtube par exemple). Je suis ouverte à tout genre de projets ou même de collaborations tant que ça reste dans ma discipline et les thèmes sur lesquels je travaille. Je suis prête à exposer dans plus de lieux (d’ailleurs si vous en connaissez, n’hésitez pas à leur parler de mon travail).

J’ai plein de projets aussi autour du textile qui prennent pas mal de temps. Refaire plus d’accessoires et de vêtements peut être. Dans l’ensemble j’ai envie de travailler sur de plus grands formats et sur des sujets plus « art contemporain » comprenant une démarche créative s’inspirant d’un travail intellectuel ou conceptuel précis, tout en restant dans le figuratif.

Question bonus : Tu dois te rendre à ces évènements, quelle tenue portes-tu ?

– un pique-nique au bord du lac

une robe légère et ample à motif floral, une petite ceinture et un canotier. Mon maillot de bain en dessous au cas ou l’eau est bonne.

– un concert de rock

un pantalon noir moulant, des ceintures à clou, une chemise courte cintrée noire, un collier en grosse chaine, des chaussures rangers.

– un enterrement

Ca dépend s’il s’agit d’amis ou d’ennemis, dans le second cas une robe de fête. 😉

– un vernissage d’exposition

une robe Thierry Mugler ou Vivienne Westwood, des talons hauts et des bijoux clinquants.

Merci de nous avoir accordé de ton temps Holy Mane, ce fut un vrai plaisir de discuter avec quelqu’un de si cultivé ! Nous avons appris beaucoup de choses !

…Merci à vous !

Quelques liens pour suivre le travail de Holy Mane :
son site
ses motifs (pattern design)
ses motifs textiles sur Spoonflower
son pinterest
sa chaine youtube
sa page Facebook

Toujours à la recherche de tendances surprenantes et passionnée par l'histoire et la sociologie du vêtement. Retrouvez-moi dans la section mode!

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.